mardi 18 septembre 2018

Le Cirque des Rêves – Erin Morgenstern






Le Cirque des Rêves – Erin Morgenstern
Date de sortie : 10 Octobre 2012
Genre : Fantastique, Psychologique
Langue :  
Date de lecture : Septembre 2018
   Le cirque arrive sans préavis. Aucune annonce ne le précède. Il est simplement là, alors qu'hier il n'y était pas. Avec de grande tentes de noir et blanc, on ne peut que recevoir une expérience unique dont de nombreux évènements qui nous coupent le souffle. Il est appelé Le cirque de Rêves, et il est ouvert uniquement la nuit.

   Mais derrière les scènes, une dure compétition se cache, un duel entre deux jeunes magiciens, Célia et Marco, qui ont été entrainés depuis leur enfance dans ce seul et unique but par leur propre instructeur. Ce jeu, dont ils ne connaissent rien, ne peut se terminer que quand un seul demeurera, et le cirque en est la scène pour une remarquable bataille d'imagination et de volonté. Malgré eux, pourtant, Célia et Marco tombent profondément amoureux - un amour profond et magique qui électrise un endroit et qui réchauffe une pièce avec seulement un effleurement de la main.

   Véritable amour ou non, le jeu doit s'arrêter; et le destin de chacun est en péril, des petits employés du cirque au patron. Ils sont tous dans la balance, suspendus aussi précairement qu'un acrobate au dessus du vide.
Pas de note

   Pas lu.

10/10


   Mes mots me paraissent fades et creux… Comment pourrais-je décrire cet orgasme littéraire ? J’ai été happée, j’ai vécu avec ce cirque singulier, abritant des artistes qui camouflent leurs dons sous le couvert d’illusions. L’odorat est sollicité, au point de donner une immersion magique. Il n’y a pas d’autre mot. L’automne est la période qui revient le plus, avec son parfum de caramel, de feu de bois, de souris en chocolat…

   Parfois, la narration s’adresse au lecteur avec un « tu » qui pourrait désappointer certains, mais en fait il est le bienvenu, comme si le lecteur était un habitué du Cirque, et c’est ce que l’on découvre avec la carte VIP à la fin.

   J’ai rêvé avec ce livre. Vraiment. J’ai mangé 500 pages en 1 semaine, sans les voir filer. J’ai vécu toutes ces séquences de Magie pure où la matière se délite et se réassemble aux yeux de tous, incapables d’y voir autre chose qu’un tour finement construit. J’ai aimé ces chocolats chauds, ces feuilles mortes, ces écharpes rouges, ces trains brinquebalants.

   La plume est tout simplement délicieuse. Une échappée poétique propice au rêve. Tout y est finement construit. Quant au scénario, eh bien il se découpe à travers plusieurs protagonistes, même si on retient avant tout Celia et Marco, qui sont des adversaires dans un jeu qui leur échappe complètement. Ils tombent amoureux, ce qui déplaît fortement aux organisateurs. J’ai aimé leur romance, riche en sensualité, celle-là même qui vibre au cœur de leur Magie. Ces arbres d’encre qui se complètent, ces Chapiteaux qui se multiplient comme autant de gages d’amour l’un envers l’autre.

   J’ai imaginé Tsukiko rentrer dans son récipient de 30cm sans peine, me rappelant le contorsionniste d’Incroyable Talent qui était parvenu à cet exploit il y a 2 ans. J’ai suivi chacun d’eux, qui finalement complètent cette trame à leur manière. Widget et Poppet m’ont fait sourire avec leurs chatons aussi roux qu’eux. Des jumeaux nés peu avant et peu après minuit aux dons intéressants.

   Le personnage d’Alexander s’avère mystérieux jusqu’à la fin. Cette séquence m’a fait réfléchir :

   « La magie, répète l’homme en habit gris avec dérision. Ce n’est pas de la magie. Le monde est ainsi, il y a peu de gens qui prennent le temps de le remarquer. Regardez autour de vous, dit-il en balayant d’un geste les tables voisines. Il n’y en a pas un seul qui ait la moindre idée de tout ce que l’on peut faire en ce monde, et le pire, c’est qu’aucun d’eux ne vous écouterait si vous tentiez de l’éclairer. Ils préfèrent penser que la magie n’est qu’une habile supercherie, car s’ils devaient croire en sa réalité, ils ne fermeraient plus l’œil de la nuit, effrayés par leur propre existence. »

   « Vous racontez des histoires ? demande l’homme en manifestant soudain un intérêt quasi palpable.

   - Des histoires, des contes, des chroniques épiques, explique Widget. Appelez cela comme vous voudrez. Ce dont nous parlions tout à l’heure, ces choses qui se sont compliquées avec le temps. Je prends des fragments de passé que je vois et je les associe pour en faire des récits. Ce n’est pas très important et ce n’est pas la raison pour laquelle je suis…

    - Si, c’est important, l’interrompt l’homme en habit gris. Il faut que quelqu’un raconte ces histoires. Lorsque les batailles sont menées, remportées, perdues, lorsque les pirates trouvent leur trésor, lorsque les dragons croquent leurs ennemis au petit-déjeuner arrosés d’un délicieux Lapsang Souchong, il faut bien que quelqu’un raconte ces fragments de récits qui se chevauchent. Il y a de la magie là-dedans. Dans l’écoute. Chacun la perçoit différemment et peut en être affecté de manière imprévisible. De façon triviale ou plus profonde. Vous pouvez raconter une histoire qui va s’ancrer dans l’âme de quelqu’un, devenir son sang, son être, sa raison de vivre. Cette histoire va l’émouvoir, le galvaniser, qui sait ce dont il sera capable grâce à elle, grâce à vos paroles. »


   Et c’est tellement vrai ! Bien sûr que les histoires nous façonnent ! C’est un des thèmes que j’aborde dans La Plume du Diable. Chaque individu se nourrit d’histoires. Certaines touchent plus que d’autres. Et j’avoue que celle-ci a trouvé mon cœur, y a déposé les flocons de son arbre enneigé, a allumé le brasier immaculé dans mon cœur même, m’a emmenée à l’aventure, durant l’automne essentiellement.

   Raconter ce livre s’avère trop maladroit, il faut le lire, tout simplement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire